L’art de perdre x Alice Zeniter

L’art de perdre x Alice Zeniter

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L’art de perdre est un roman d’Alice Zeniter, oeuvre auréolée du prix Goncourt des Lycéens en 2017 et amplement saluée par la critique. Un livre riche et intéressant, notamment d’un point de vue historique, qui m’a pourtant laissé quelque peu sur ma faim.

A travers les yeux de Naïma, jeune femme issue de l’immigration Algérienne, le lecteur découvre une saga familiale sur fond de guerre d’Algérie. 3 générations qui se succèdent et qui tentent de trouver leur place dans une France tantôt accueillante, tantôt hostile. 

Mais je sais qu’il ne peut pas. Il n’a pas un seul grain dans sa poche. Même pour aller au café, il emprunte à ses voisins. Et quand je pars, il me dit « mon oncle, c’est mieux de ne pas en parler. » Je ne demande même pas quoi. Je sais qu’il veut dire sa vie. Parce que l’été prochain, quand il rentrera, il continuera à faire le malin. Il creusera un peu plus le sillon de la France dans le coeur des jeunes qui voudront partir aussi. »

Il y a Ali, le grand père, propriétaire terrien et montagnard kabyle qui doit choisir son camp; Hamid, le père, qui tente de trouver sa propre voie après une enfance passée dans un pays qui ne sait pas quoi faire de lui et Naïma, la fille, qui cherche à comprendre ses origines et à se découvrir elle-même, par extension. 

Alors que j’ai beaucoup apprécié la première partie du roman qui analyse la guerre et les conséquences de cette dernière, peignant une Algérie fracturée et des Harkis forcés de fuir leur pays et de s’installer en France; j’ai eu du mal à accrocher à la seconde et à la troisième partie du roman, retraçant respectivement : la vie pleine de silence d’Hamid et la quête d’identité brûlante de Naïma.

En effet, j’ai trouvé que ces histoires perdaient en intensité, et de fait, en intérêt. Finalement, le roman aurait gagné, selon moi, à être plus court car il s’essouffle au fil des pages. De même, j’ai éprouvé beaucoup de difficultés à m’attacher aux différentes personnalités du roman. 

Pour autant, cela reste un bon roman qui permet de rendre accessible la guerre d’Algérie, qui fait peu partie des livres d’histoire. Mais est-ce vraiment la volonté de l’autrice ? On a parfois l’impression que l’émotion est sacrifiée au profit du récit historique. Et c’est surement pour cela que le destin de la famille m’a laissé de marbre – enfin pas totalement mais quand même – et que j’ai eu beaucoup de difficulté à terminer cette oeuvre. 

L’art de perdre – Editions J’ai lu – 2017

One thought on “L’art de perdre x Alice Zeniter

  1. Bonjour ! J’ai adoré ce roman car, justement, il laisse la place à l’émotion : c’est terrible de devoir quitter son pays, sa région, son village, sa famille ! C’est terrible d’être parqué·es dans des logements quasi insalubres pour être exploité·es sans perspective d’avenir digne ou réjouissante ! Et Naïma, afin de se construire, des décennies plus tard, a besoin de délester le passé de sa chape de silence silence, celle que les générations précédentes ont posée pour survivre…

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