Le commerce des allongés x Alain Mabanckou

Le commerce des allongés x Alain Mabanckou

🌟🌟🌟

Séduite par la couverture colorée qui m’a fait de l’oeil pendant des mois, j’ai démarré ce livre avec un enthousiasme non feint. Le commerce des allongés d’Alain Mabanckou est une oeuvre qui conte des parcours de vie à la lumière de la mort. Sympathique sans être incontournable. 

Liwa Akimakingai, jeune cuisinier à l’hôtel Victory Palance de Pointe-Noire, se réveille dans l’au-delà et la tête à l’envers ; à l’endroit où git son corps, dans le modeste cimetière de la ville.

Le garçon se souvient pourtant seulement du costume qu’il portait lors de la fête de l’indépendance du Congo, par une chaude soirée d’été. 

Que s’est-il passé ce soir là? Cela pourrait-il avoir un rapport avec la jeune femme rencontrée en boîte de nuit alors qu’il était sur le point de quitter la fête? 

Etre mort, quelle sottise finalement, lui qui était encore bien vivant il y a seulement un instant.

«  Chez les Babembés, le corps mérite une affection particulière car l’âme résidera à l’intérieur tant qu’il ne sera pas complètement transformé en poussière. C’est pour cela qu’on parle au cadavre, qu’on le rassure, qu’on le cajole, qu’on mange près de lui, qu’on le persuade qu’il est le plus extraordinaire des trépassés de la terre, qu’il est si beau que la Mort, dans sa hideur, a honte de le fixer droit dans les yeux et se couvre d’un manteau sombre. »

Dans ce roman qui est loin d’être une enquête centrée sur les causes de la mort du garçon, l’auteur nous embarque dans la vie des mystérieux résidents du cimetière du Frère-Lachaise. Des âmes qui ont vécu des vies à la fois banales et extraordinaires et qui semblent vouloir  partager leurs histoires avec le nouveau venu, à tout prix. Des récits plus ou moins touchants qui ne m’ont par ailleurs que peu embarqués avec eux. Et le tutoiement utilisé par l’auteur pour raconter n’aide pas le lecteur à s’immerger pleinement. 

Il me semble que les histoires des personnages ne s’accordent pas ensemble et que l’absurdité de la mort en est le seul point commun. Il est dommage que l’émotion ressorte peu. J’aurais également aimé en découvrir davantage sur le lien entre Liwa et sa Grand-mère maternelle; relation que je trouve sous-exploitée. 

Je m’attendais également à ce que la lutte des classes ainsi que le côté politique du roman ressortent davantage ; mais là, encore une fois, je reste malheureusement sur ma faim. 

Vous l’aurez compris, j’ai le sentiment que le livre ne sait pas se positionner. Enquête ? Roman social ? Vengeance guerrière ? Conte ? On ne sait pas sur quel pied danser. Même s’il n’est pas impossible de traiter toutes ces thématiques dans une seule et même histoire, l’auteur ne parvient pas, selon moi, à les réconcilier. Pour autant, la découverte des rites mortuaires et plus globalement de la culture et de la politique congolaise m’ont véritablement intéressés. 

Ainsi, sans passer un mauvais moment, je n’ai pas été transportée, vous l’aurez compris. J’aurais plaisir à lire un autre de ces romans par ailleurs, fortement plébiscité par la presse, en espérant en savoir plus sur le Congo et l’humour caustique de l’auteur. 

Le commerce des allongés – Editions Seuil – 2022

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