Vous n’aurez pas ma haine x Antoine Leiris

Vous n’aurez pas ma haine x Antoine Leiris

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Tout le monde se souvient de ce qu’il faisait lorsqu’il a appris la nouvelle. Comme pour tous les événements traumatiques et qui resteront pour longtemps dans la mémoire collective. Vous n’aurez pas ma haine est l’oeuvre d’Antoine Leiris, journaliste et victime collatérale de l’attentat du 13 novembre 2015 au bataclan. Un ouvrage poétique qui se en lit en apnée, aussi vite que passe un songe. 

Antoine a perdu sa femme, Hélène, au Bataclan. Accablé par le chagrin, il décrit les premiers jours sans la mère de son bébé, Melvil, à qui il doit expliquer cette brutale disparition. Mais comment continuer à vivre dans un monde qui perd, en un battement de cil, tout son sens. Sa relation aux autres, ses questionnements, le quotidien qui reprend violemment ses droits, le regard de ses amis, le manque et le deuil; tant de thématiques qui s’entremêlent et font la richesse du récit. 

Une oeuvre pleine de tendresse et d’émotion, où l’horreur des images n’a pas sa place. 

Selon moi, ce format court permet de raconter juste ce qu’il faut. On sent une volonté d’avoir le mot juste, à l’inverse d’une narration faîtes de longues diatribes sur la liberté, la mort ou encore le pardon. 

« Mais les plus beaux moments de notre vie ne sont pas ceux que l’on colle dans les albums souvenirs. Je me souviens de tous ceux où l’on prenait juste le temps de s’aimer. Croiser un couple de petits vieux et vouloir leur ressembler. Un éclat de rire. Un matin blanc à lézarder dans le creux des draps. »

On a la sensation que l’auteur veut également nous raconter son histoire humblement et sans fioritures; en nous lançant les mots comme ils viennent. Comme des sentiments livrés dans un journal intime. Et c’est ce qui rend ses mots si vrais – Antoine ayant débuté l’écriture de son livre dans les jours qui ont suivi l’attaque terroriste et suite à une lettre ouverte publiée sur Facebook, quelques jours seulement après le drame déjà intitulée « Vous n’aurez pas ma haine ».

C’est finalement une ode à l’amour, comme un talisman contre l’horreur et la mort. Touchante, cette histoire vous embarque, vous prend aux tripes dès les premières phrases et ce, jusqu’à la toute dernière phrase. Un devoir de mémoire qui perdure et un expiatoire efficace font de ce roman une belle découverte, certes tardive mais qui ne le rende pas moins émouvant. 

Vous n’aurez pas ma haine – Editions Fayard – 2016

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