Au-delà des illusions x Duong Thu Huong

Au-delà des illusions x Duong Thu Huong

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Au-delà des illusions de Duong Thu Huong, est un roman publié au Viêtnam en 1987. Livre de chevet de toute une génération, l’autrice a réussi le tour de force de faire de son roman un incontournable et un intemporel de la littérature contemporaine.

A la fois critique du régime totalitaire vietnamien et histoires d’amour, cette œuvre est un petit bijou de littérature qu’on appréciera pour son ton faussement léger, ses allures de poésie et ses réflexions sociétales et humaines d’une justesse folle.

Le roman débute par une rupture : celle de Phuong Linh et de son mari. Cette dernière ne supporte plus la lâcheté de l’homme qu’elle a tant aimé, tant estimé, tant désiré par le passé. Son amour s’est évanoui, un beau matin, en même temps que ses idéaux ; plongeant sa famille dans un désarroi profond. Démarre alors pour ce personnage empli de naïveté, une reconstruction lente et une ouverture au monde insoupçonnée qui rendent heureux parfois et malheureux souvent ; comme un rite initiatique. Pour sortir de son cocon et accéder à la vérité ; une certaine forme de liberté.  

On suit plusieurs tableaux et personnages liés intimement ou non à cette femme enfant qui grandit. On fait le constat avec eux que, dans la vie, rien ni personne n’est jamais tout noir ou tout blanc mais que chacun est profondément marqué par son passé et par ses choix. On sourit et on pleure avec, et d’eux aussi.

« Les larmes de l’enfance sont toujours plus brûlantes, plus amères que celles de l’homme mûr. Elles laissent des traces douloureuses dans la mémoire. Nguyên se retrouve soudain comme un enfant délaissé à qui on a pris sa part de gâteau et qu’on abandonne seul entre quatre murs glacés »

Touchant, comme la soif d’idéal de Phuong Linh qui ne déroge pas à ce que son cœur désire mais sans jamais sacrifier ses convictions intimes et profondes sur la nature des Hommes. Dès les premières lignes du roman, le ton est donné, notamment par des dialogues d’une profondeur subtile. L’autrice planque des réflexions sur la vie, l’amour, l’humanité au milieu de discussions faussement légères. Et puis, elle met aussi en lumière la lâcheté des intellectuels de l’époque, prêt à vendre leur âme au diable pour de l’argent ou du pouvoir, à des degrés plus ou moins entendables et pardonnables cependant. Ce sont, encore une fois, les nuances qui font la beauté de ce roman.

Une de mes œuvres préférées de cette année 2020 si particulière finalement. Avec la musique et les violons de « In the mood for love » dans les oreilles. 

Au-delà des illusions –  Editions Picquier poche – 1987

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